L’affirmation de Jean Rebel Dorcénat concernant un plan gouvernemental visant à rouvrir la route nationale #1 le 18 novembre 2024, en collaboration avec des gangs armés et un comité pour la paix, soulève des questions cruciales sur la stratégie de sécurité nationale et l’implication potentielle d’une amnistie implicite ou explicite. Le projet, incluant des primes sociales comme incitation, suggère une tentative de négociation avec des acteurs criminels, un choix politique risqué souvent débattu dans les contextes de conflit armé.
L’échec présumé de ce plan, coincidant avec la récente escalade de la violence, pourrait indiquer les limites de telles approches. Plusieurs interprétations sont possibles. Premièrement, l’offre de primes et la promesse implicite ou explicite d’une forme d’immunité (amnistie) ont pu être perçues comme insuffisantes par les gangs, qui auraient préféré des concessions plus importantes, telles qu’une participation accrue au pouvoir ou une légitimation de leurs activités. Deuxièmement, la fragmentation des groupes armés et la rivalité interne pourraient avoir rendu impossible la coordination d’une cessation des hostilités, même avec des incitations financières. Enfin, il est possible que le gouvernement n’ait pas eu la capacité logistique ou politique de faire respecter les termes de l’accord, ce qui a sapé sa crédibilité et encouragé la poursuite des actions violentes.
L’utilisation implicite ou explicite d’une amnistie, même indirecte par le biais de primes sociales, pose des problèmes éthiques et pratiques. Accorder des avantages à des groupes impliqués dans des crimes graves soulève des questions de justice et d’impunité. Cela risque également de créer un précédent dangereux, encourageant d’autres groupes à recourir à la violence pour obtenir des concessions du gouvernement. L’efficacité d’une amnistie dépend de sa capacité à promouvoir une paix durable et une véritable transition vers le respect de l’état de droit. Cependant, sans un cadre juridique clair, une justice transitionnelle solide et un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) efficace, une amnistie risque d’être contre-productive, nourrissant le cycle de la violence et sapant la confiance dans les institutions de l’État. L’échec du plan laisse entrevoir les défis considérables de la réconciliation nationale et les risques associés à la négociation avec des groupes armés en Haïti.